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Les dossiers de Legault
Les dossiers de Legault

Les dossiers de Legault

Le 15 septembre dernier, Gabriel Nadeau-Dubois (GND) demande à François Legault : « quand est-ce que l’humilité va faire partie des valeurs défendues par le premier ministre ». Il faisait référence à la sortie publique du PM au lendemain du débat des chefs en anglais, lors de la dernière campagne électorale fédérale.

Legault condamnait les propos tenus par la modératrice au début du débat. Cette question de Madame Shachi Kurl, présidente de la fondation de recherche sur l’opinion publique Angus Reid, en a choqué plus d’un et passera sûrement à l’histoire :

« Monsieur Blanchet, vous niez que le Québec a un problème de racisme et pourtant vous défendez des lois telles que les projets de loi 96 (NDLA : Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français) et 21 (NDLA : Loi sur la laïcité de l’État), qui marginalisent les minorités religieuses, les anglophones et les allophones. Le Québec est reconnu comme une société distincte, mais pour ceux qui sont à l’extérieur de la province, veuillez les aider à comprendre pourquoi votre parti soutient également ces lois discriminatoires. »

Au lendemain du débat télévisé, le premier ministre du Québec a fait une sortie publique en répliquant qu’il ne s’excuserait pas de défendre le français, les valeurs et les champs de compétence du Québec.

C’est Dominique Anglade qui lui a apposé l’épithète de « paternaliste » alors qu’il a recommandé au Québécois de voter pour le Parti conservateur du Canada. Anglade en a rajouté en critiquant la rhétorique de Legault alors qu’il défend ses lois 96 et 21. Le chef de la CAQ rappelait que la Loi sur la laïcité de l’État est un débat qui dure depuis plus de 10 ans dans la province.

Soyons clair, la Loi sur la laïcité de l’État interdit aux employés de l’État en position d’autorité d’arborer un signe religieux dans le cadre de leur travail. Pour Legault, la laïcité ne va pas à l’encontre de la liberté de religion, et il prétend que c’est le souhait d’une grande majorité des Québécois.

C’est sur ce point que dernier point que GND le compare à Maurice Duplessis, qui se targuait de représenter l’opinion de tout le monde. En chambre, GDN rappelle à Legault que la CAQ a eu 37% des votes aux dernières élections : « Le premier ministre devrait se garder une petite gêne avant de prétendre incarner, à lui seul, le Québec en entier. »

Duplessis et Legault

Dans le contexte pandémique actuel, Legault gouverne par décret en vertu de la Loi sur la santé publique depuis le 13 mars 2020. Dans cette optique, il est vrai que l’on peut parler d’autoritarisme dans le même ordre d’idée que Duplessis. Louis-Philippe Lampron, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université Laval, a été plusieurs fois dans les médias pour dénoncer que la gouvernance par décret avait assez duré.

GND est à la tête d’un parti politique de gauche. La CAQ est un parti de centre droit. Sachant que Duplessis était opposé au communisme, on y peut voir le rapprochement que GND tente de faire en comparant Legault au responsable de la Grande Noirceur.

Duplessis était un grand catholique et utilisait le pouvoir du clergé pour contrôler la population canadienne-française. Le clergé avait aussi des pouvoirs politiques dans le domaine de l’éducation, de la santé et de la culture. Legault, par sa volonté de laïciser l’État, est à cent mille lieux de Duplessis.

L’ancien PM était considéré régressif, car toute loi sociale était associée au communisme. Dans les années 30 à 50, cette doctrine était absolument mal vue au point où on préférait le fascisme. La Loi concernant la propagande communiste, communément appelée la Loi du cadenas, est un exemple de mesure anticommuniste de Duplessis.

Adoptée en 1937, « elle permet au procureur général de fermer, pour un an, tout édifice utilisé pour faire de la propagande du communiste et du bolchévisme, sans les définir ». La CAQ a bonifié le soutien du milieu communautaire en juin dernier, alors que le ministre Jean Boulet annonçait un financement de 24 M$ pour les organismes communautaires.

Woke ou pas woke

Tout le monde semble avoir sa propre définition du terme. François Legault le définit comme quelqu’un qui s’oppose à la nation québécoise. De plus, il renvoit la balle à GDN en le qualifiant d’en être un. Dans les dictionnaires de langue anglaise, woke est défini comme une personne alerte aux injustices, au racisme et aux discriminations dans la société. La traduction française est proche du mot conscientisé.

Dans le discours des commentateurs de l’actualité venant d’ici où d’ailleurs, la définition du terme s’est transformée pour définir les idées à la gauche de l’échiquier politique. Dans cet ordre d’idée, GND est effectivement un woke. Il a tourné en dérision les critiques à son égard en se posant avec son wok.

La problématique avec ce terme est que beaucoup de gens ne comprennent pas les tenants et aboutissants de l’idéologie. Les commentateurs venant de la droite, comme Martineau, utilisent le terme woke pour insulter leurs détracteurs. L’auditoire, qui s’abreuve de ces forgeurs d’opinions, a par la suite une idée péjorative de l’idéologie, sans toutefois la comprendre. #BLM

Forte majorité de la CAQ

Legault est pragmatique et non dogmatique. En lien avec la gestion de la pandémie, sachant que la situation évolue rapidement, il ose changer d’idée lorsque nécessaire. La population québécoise est reconnaissante de cette humilité dans un contexte extrêmement difficile à gérer.

CHSLD

La raison de la situation déplorable dans les CHSLD date de plus d’un quart de siècle. La société a accepté le sous-financement des CHSLD depuis nombre d’années. Gaétan Barrette a empiré la situation en centralisant les pouvoirs. Les centres n’étaient plus décisionnels. Pierre Foglia dénonçait la situation il y a 10 ans de cela, et même plus :

« Laver la vieille dame sous les seins, mais pas sous les aisselles parce que son bras, trop raide, ne décolle pas et qu’il faudrait être deux pour la lever. Alors forcément, demain, après-demain, la vieille dame va puer un peu. Mais elle puerait de toute façon : 80 % des bénéficiaires des CHSLD portent des couches. Lave-les tant que tu veux, ils puent toujours un peu sous le parfum dont on les asperge le matin. »

Sentiment identitaire

François Legault courtise le sentiment identitaire des Québécois avec la Loi sur la laïcité de l’État et la réforme de la Loi 101. Depuis Robert Bourassa avec sa Loi 63 – Loi pour promouvoir la langue française au Québec, les différents gouvernements du Québec se sont attablés à promouvoir l’identité québécoise. Comme Jean Lesage et les suivants, Legault s’affaire à protéger les champs de compétence du Québec. De ce fait, les Québécois derrière lui ont le sentiment d’identité nationaliste renforcé. De plus, il a nommé un ministre pour promouvoir le hockey. Une équipe gagnante de hockey au Québec est probablement la chose qui fera le plus grandir le sentiment patriotique québécois.

Loi 21

Le Parti québécois avait par le passé travaillé sur la Charte de la laïcité. En 2013, c’est Bernard Drainville alors ministre responsable des institutions démocratiques et de la participation citoyenne qui était chargé du projet. La Charte était plus contraignante que la Loi sur la laïcité.

Le cas de l’enseignante de Chelsea, Fatemah Anvari, de la commission scolaire Western Québec (CSWQ) était prévisible. Elle a été réaffectée à d’autres tâches parce qu’elle porte le hijab. Il est important de mentionner qu’elle a été engagée malgré la loi interdisant les signes religieux. La CSWQ savait qu’elle transgressait la Loi 21. On peut analyser que la situation de cette enseignante est piège de la part de la CSWQ afin de donner des arguments à la contestation de la Loi 21.

En calculant l’appui aux dernières élections de la CAQ et du PQ, deux partis en faveur de la laïcité de l’État, on peut conclure que la majorité des Québécois soutient cette loi. CAQ : 37,42% des voix. PQ : 17,06% des voix. Total : 54,48% des voix. Donc la majorité. Donc émanation d’un consensus.

Contestation des anglophones du Québec

Les anglophones du Québec se sont toujours opposés à l’affirmation du peuple québécois, que l’on parle de la Loi 63, la Loi 101, ou la Loi sur la laïcité. Selon l’encyclopédie canadienne, entre 1971 et 1986, environ 200 000 anglophones sont partis du Québec, entre autres à cause de la Crise d’octobre, et de l’élection du Parti québécois en 1976. La culture anglo-saxonne ne se sent pas menacée. En Amérique du Nord, ils sont une mer de plus de 400M de personnes.

Évolution de la société québécoise

La Loi sur la laïcité est un élément d’affirmation du peuple québécois. La question identitaire est omniprésente dans la sphère politique internationale : Zemmour (France), Salvini (Italie), Trump (USA), Johnson (UK).

3e lien et écologie

GND argumente que le troisième lien va augmenter le trafic d’automobiles. Mais étant donné la situation nordique du Québec, la voiture reste un élément important dans le choix de transport des gens. Maintenant que l’innovation technologique permet la voiture propulsée à l’électricité, zéro émission, il ne faut pas oublier que des matériaux rares sont nécessaires à leur fabrication.

François Bonnardel argumente que les ponts à Québec sont rendus au maximum de sa capacité, mais il est évident que plus de consommation ne peut pas égaler moins de pollution. C’est mathématiquement impossible.

Calcul clientéliste

Oui, la CAQ fera plaisir à la population avec une nouvelle structure. Il sera probablement agréable de circuler sur ce 3e lien. N’empêche que la planète se meurt, et que l’héritage des générations futures est en jeu. L’innovation des transports doit prendre en considération l’urgence d’agir pour le bien commun et de penser à créer des projets qui assureront un futur décent pour les générations futures.

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